Ces dernières semaines ont été pour moi très spéciales car j’ai eu la chance d’aider la peintre et illustratrice Sheina Szlamka pour son exposition à la galerie Le Lieu idéal à Paris (10e). J’ai eu envie de vous partager un entretien que nous avons fait où elle explique sa démarche artistique, ainsi que des poèmes sur la peinture que nos échanges dans son atelier m’ont inspiré. Belle lecture à vous !

Mon interview de Sheina Szlamka :
L’année dernière, tu présentais une exposition intitulée « Visions tangibles », pourquoi avoir choisi « Mondes invisibles » cette fois ? »
Sheina : C’est en lien avec ma conception de la créativité, qui selon moi, vient d’ailleurs. Mes peintures et mes illustrations sont des photographies de mondes invisibles qui me parviennent par le rêve, la méditation ou la relaxation. C’est en quelque sorte comme si j’étais une commissaire d’exposition qui choisit de mettre telle ou telle image sur papier. D’ailleurs, depuis des années, je cherche à me laisser surprendre par elles.
Parmi les tableaux exposés, on distingue différentes séries : peux-tu nous les présenter ?
On trouve en effet une série de tableaux en lien avec le livre Guérisseuses d’hier et d’aujourd’hui, écrit par Aurélie Godefroy, que j’ai illustré. Ils représentent des femmes puissantes et inspirantes qui ont réellement existé comme Hildegarde de Bingen, Rosalie de Constant ou Marie Laveau et d’autres imaginaires, issues de différentes mythologies comme Circé, Morgane ou Hécate. Pour chacune, j’ai fait un premier travail préparatoire en effectuant des recherches dans des images d’archives pour leurs portraits et des croquis au feutre noir dans un carnet. Quand j’ai réalisé les illustrations du livre, j’avais déjà la perspective qu’elles deviennent par la suite des tableaux. J’ai également effectué un travail sur les symboles. Dans Paris, sur les immeubles, on trouve souvent de nombreux symboles de protection et de prospérité, j’avais envie de glisser ces symboles dans mes toiles pour qu’elles fassent du bien au quotidien.
Et les autres ?
J’ai eu envie également de peindre des cristaux qui servent d’outils aux guérisseuses. Mon travail n’est pas cartésien : cette série a pris une place importante de manière imprévue et j’ai choisi de suivre cette piste créative. Elle présente également la nouveauté de la peinture à l’huile. Je peins d’habitude à l’acrylique, l’huile a été pour moi une révélation. Elle me permet d’explorer l’hyperréalisme. Grâce à cette technique, la toile ressemble à une photographie, à une vision tangible, des mondes invisibles, un peu comme si les rêves devenaient réalité. Enfin, les encres sont plus proches de mon travail à l’acrylique : on y retrouve en effet l’importance donnée au dessin avec des contours aux traits noirs. Elle représentent bien également la dimension intuitive de ma démarche, inspirées par des rêves et des méditations.
L’exposition « Mondes invisibles » a lieu jusqu’au 29 novembre à la galerie « Le Lieu idéal » au 31 rue Yves Toudic dans le 10e de 14h à 19h30 du mercredi au dimanche.
Ce sera aussi l’occasion d’y découvrir un poème que j’ai écrit inspiré par l’univers des tableaux.
En attendant, en voici quelques-uns sur la peinture.
Je ne les ai pas tous publiés. N’hésitez pas à m’écrire si vous souhaitez en découvrir d’autres.

Mes poèmes sur la peinture :
Les couleurs vivent
Au rythme des pulsations
De mes pensées
De mon souffle
lié
Au mouvement
de ma main
C’est par le geste
Que s’exprime
La puissance de l’être
_________
S’abandonner
Au ressenti
Plutôt que de rêver
À une image
Emprisonnée
Entre les parois
D’un crâne
Qui toujours
Échappera
Au réel
____
Les bleus sont jaunes, les bleus sont rouges
Les violets sont rouges, les violets sont bleus
Les rouges sont oranges, les roses sont violets
Les couleurs se confondent en un spectre joyeux
Aplats de lumière
Tranches de vie
sur la toile
Aucune ombre au tableau
Un soleil perpétuel
Qui réchauffe
Mon cœur
De ses rayons fluos.
______________
J’étale les émotions sur la toile
A la moindre tension
Le chevalet tremble
Le bout de mon pinceau dévie
Dépasse la trajectoire
par la ligne jaune définie
Le ciel couleur nuit
me donne du mal
Je repasse et retrace
Les maladresses
Espère qu’elles s’effacent
Les couches s’empilent
La peinture forme bientôt une écorce épaisse
Les pâtés n’ont pas la poésie des châteaux de sable