En Occident, le rouge représente la couleur par excellence. Comme l’indique l’historien Michel Pastoureau, c’est peut-être parce que c’est celle qui a été maîtrisée en premier sur le plan technique, dans la peinture et les teintures. Associé à la puissance et à la richesse sous l’Antiquité, à la religion au Moyen-Âge, le rouge, comme souvent dans les systèmes symboliques, recouvre des notions contradictoires. Il renvoie autant au sang du Christ qu’aux flammes de l’Enfer et à la luxure. Détrôné depuis la réforme protestante par le bleu, la couleur préférée des Européens depuis l’invention des sondages, le rouge incarne désormais une certaine radicalité. Dans le domaine politique par exemple, il est devenu l’apanage des forces politiques subversives, révolutionnaires ou progressistes.
Mais qu’en est-il dans la culture chinoise ? Des lanternes du Nouvel an au petit livre de Mao, le rouge évoque instantanément l’Empire du Milieu comme la Chine communiste. Dans la théorie des Cinq éléments, il est associé au Feu, à l’été, au Sud. Dynamique, il symbolise la chance, la mise en lumière et la prospérité, d’où cette idée répandue que pour attirer la richesse, il suffit de peindre sa porte en rouge… En Feng Shui, c’est un peu plus compliqué que ça.
Le rouge réchauffe, éclaire, illumine un secteur favorable. On retrouve cette connotation positive du rouge sous la plume d’Aragon à propos de tableaux de Matisse : « J’ai toujours eu le sentiment que Matisse peignait des intérieurs rouges (et ceci très tôt dans son oeuvre, et cela ne s’est jamais arrêté) pour y donner la sensation de la chaleur. Ce sont très souvent des tableaux de l’été. » Par petites touches, on peut le convoquer pour faire le pont entre le Bois et la Terre. Cependant, s’il entre conflit avec une énergie avec laquelle il est incompatible comme le Métal (« le Feu fait fondre le Métal »), attention à votre réputation !

Illustration : Intérieur rouge, Henri Matisse (1947)